Ça peut tu être le fun, les couches lavables?
Quand je dis que mes enfants sont aux couches lavables, on me sort souvent un « Oh my god, je sais pas comment tu fais ». Pourtant, j’aime ça, les couches lavables. Pas tout le temps, pas passionnément, mais si j’arrive à trouver ça le fun et satisfaisant, surtout quand je pense aux économies réalisées. Pas obligé d’y aller à fond dès le début: adopter juste un peu les couches lavables sera toujours plus abordable (et écolo!)… que ne pas les adopter du tout.

Par Maude Carmel
Les Décarbonés
1. Couches jetables: pratiques, mais….
Qu’on se le dise: les couches jetables, c’est pratique. Lorsqu’on la retire des fesses de notre enfant, on en dispose, et on n’y pense plus. C’est d’ailleurs en voulant faciliter le quotidien des parents, dans les années 40 et 50, qu’elles sont apparues sur le marché… devenant le troisième déchet en importance dans les sites d’enfouissement.
Parce qu’en plus d’être très coûteuses (elles représentent environ 2 200 $ de la naissance à la propreté d’un enfant1, ce qui est environ 10 X plus qu’un enfant qui est uniquement aux lavables), elles sont en effet très polluantes. Même si certaines municipalités les acceptent au compost, il faut prendre en compte qu’une couche jetable met entre 300 et 500 ans à se décomposer.2 Quand je me mets à penser trop, je songe aux couches de mes parents qui reposent à la décharge…aux côtés des miennes.
C’est d’ailleurs en réfléchissant à la quantité de déchets que j’allais générer en devenant maman que j’ai décidé de me tourner vers les couches lavables, en 2022.
Environ 600 millions de couches jetables qui sont envoyées à l’enfouissement CHAQUE ANNÉE, juste au Québec, représentant 60 000 tonnes de déchets.3 600 000 tonnes de couches, c’est lourd comme 1,5 millions de voitures. Et si on les empilait, ça nous ferait une tour de 1 km de haut. Une belle petite randonnée glissante aux odeurs de printemps!
Même si les couches lavables ont elles aussi leur lot de GES à déclarer (matières premières à faire pousser, coloration, lavages fréquents, etc), en optimisant vos lavages hebdomadairement (en utilisant un détergent écologique et en faisant sécher les couches à l’air libre le plus souvent possible), ces dernières deviennent nettement favorables aux jetables. Surtout lorsque les couches sont utilisées sur plus d’un enfant!4

Les bénéfices
Évidemment, les économies réalisées en choisissant les couches lavables sont plutôt satisfaisantes. Alors qu’on peut facilement s’équiper en couches à poches, inserts, sacs imperméables pour un montant variant entre 200 et 500 $ (sans compter les nombreuses villes qui offrent une subvention de 100 $ aux parents et le fait qu’un lot de 25 couches — c’est le nombre minimum recommandé — peut servir à plus d’un enfant).
Ensuite, les couches lavables sont faites de fibres naturelles, et donc exemptes des quelque 50 produits chimiques qu’on retrouve dans les jetables. Elles sont donc plus saines et moins irritantes pour les petites fesses de bébé!
Finalement, elles ont tellement de style! J’adore choisir les motifs des couches de mes enfants le matin et surtout: plus besoin de penser à cacher la couche en papier disgracieuse si bébé porte une robe!
2. Commencer doucement… et poursuivre malgré les obstacles
J’ai commencé les couches lavables en me disant que j’allais « essayer » et que je ne me mettais pas de pression pour le faire à temps plein. Je me connais: lorsque je m’enferme dans des règles inflexibles, je flanche et abandonne. J’ai donc débuté l’aventure à temps partiel, le temps « d’aimer ça » et de me sentir 100% à l’aise. Lorsqu’il eut 5 mois, j’y suis allé all in, nuits et jours, autant à la maison qu’en sorties.
D’ailleurs, les sorties étaient beaucoup moins compliquées que ce que j’avais anticipé: j’avais juste à mettre la couche sale dans un petit sac imperméable et m’en occuper à la maison. Plus facile que de trouver une poubelle! Surtout que ses cacas ne puaient pas, puisque les selles d’un bébé allaité à 100 % (qui ne mange pas encore) sentent le petit fromage à la crème et sont hydrosolubles, et donc vont directement à la laveuse, sans rinçage!
Même si les premiers mois furent assez faciles, j’appréhendais le moment où les cacas « d’adulte » allaient venir. Et ils sont venus… très durs au début. C’était donc super commode de renverser la crotte au-dessus de la toilette, comme ça, plouc, tout simplement, mais ce le fut un peu moins lorsque ses cacas sont devenus mous et explosifs (désolée des détails). C’est là que j’ai fait appel aux feuillets, qui ont sauvé mon aventure de couches lavables.
Un feuillet, c’est un voile de protection qu’on met entre la couche et les fesses. Il sert à ramasser les selles ou à protéger la couche des crèmes à base de zinc, qui peuvent rendre la couche moins absorbante (ben oui, une autre affaire. Pour la liste des crèmes compatibles avec les couches lavables, c’est ici). Il y a des feuillets lavables, et des jetables. C’est certain que les feuillets jetables (ou compostables, dépendamment de votre municipalité et des feuillets que vous choisissez — ceux en cellulose sont reconnus comme plus facilement compostables que ceux en viscose) sont plus polluants, mais ils peuvent être une belle alternative pour les parents qui hésitent à se lancer dans l’aventure, puisqu’on a seulement à disposer du feuillet lors d’un caca (faut quand même laver la couche en dessous hein!), et les feuillets qui n’ont absorbé que du pipi peuvent aller à la laveuse jusqu’à trois fois.
Puis, lorsque mon enfant eut 1 an, je n’ai pas réussi à trouver une garderie qui acceptait les couches lavables. J’ai tout de même pu faire un deal avec sa nouvelle éducatrice: Tristan pouvait être en jetables chez elle, mais sa dernière couche après la sieste, avant que je vienne le chercher, allait être une lavable. Offre acceptée. C’est certain que ça m’oblige à dépenser pour des couches au cours de l’année, mais mes enfants portent quand même 2X moins de jetables que des enfants qui en portent 100 % du temps. Et juste pour ça, je suis fière de moi.
Quant aux nuits, Tristan a longtemps été aux lavables... jusqu’à ce que ça ne fonctionne plus. Sous les conseils d’une experte en sommeil, je suis passée aux jetables de nuit et ce, sans culpabilité. J’avais besoin d’une paix d’esprit entre 20 h et 6 h.

3. Décoder l’univers des couches lavables
Laver le caca de mes bébés ne m’a jamais fait peur. Ce qui m’angoissait toutefois, avant de me lancer dans cette aventure, c’était le jargon associé. Comme si je voulais entrer dans une clique qui ne me ressemblait pas. Je me trompais, évidemment. Une fois qu’on connaît le lexique et qu’on devient à l’aise avec notre séquence de lavage, c’est un jeu d’enfant:
- Couche à poches: c’est la couche la plus populaire de nos jours. Moulée comme une jetable, mais avec un tissu imperméable, on met nous même 1 ou 2 inserts à l'intérieur. Elle ressemble à la couche tout en un, qui elle, a un insert intégré, qu’on a donc pas besoin d’assembler (mais qui est beaucoup plus longue à sécher, et un peu moins absorbante.)
- Inserts: c’est une grande languette en microfibres que l’on INSERT dans une couche à poches pour absorber le tout!
- Couche plate: Pour les parents experts en origami! Je blague, mais pas tant. Ceux qui les utilisent les adorent, car elles sont polyvalentes, absorbantes et économiques. Ce qui fait peur serait son pliage, car il faut soi-même l’ajuster à l’enfant! Elle ressemble à la couche pré-moulée qui est déjà pliée, mais dont le nettoyage peut devenir laborieux à cause de toutes ses couches de tissus.
- Décrassage: Après quelques mois, même avec une super routine lavage, vos couches peuvent accumuler saletés et odeurs persistantes. Vous devrez alors les tremper dans du percarbonate de soude (un genre d’oxyclean qui garde l’intérieur des couches blanches) ou de l’eau de javel pour les rajeunir un peu!
Pour bien apprécier les couches réutilisables, il faut en effet avoir une routine lavage qui fonctionne. Ce qui est recommandé par le site des accros aux couches lavables, c’est de faire deux cycles de lavage: un court avec un peu de détergent et un plus long, avec plus de détergent. Certaines personnes disent qu’elles n’ont jamais eu besoin d’en faire plus qu’un, et que leurs couches sont toujours super propres. Il n’y a pas de bonne réponse: commencez par un seul cycle et si vous avez l’impression qu’elles ont besoin d’un deuxième, let's go!
Des cycles en eau froide sont d’ailleurs recommandés pour une routine écologique, TOUTEFOIS, si les couches ont une forte odeur, ou si vos enfants ont la gastro (ou le vaccin de la gastro), lâchez-vous lousse pour l’eau chaude au deuxième cycle. Je suis d’accord pour sauver la planète, mais pas au point d’étirer une gastro dans le temps.
Même si les couches vont à la sécheuse, n’hésitez pas à les faire sécher parfois au soleil pour donner une pause à vos électroménagers et blanchir quelques tâches, puisqu'il n’y a pas meilleur détachant que les rayons du soleil!
Où mettre les couches sales entre les lavages?
Une chose est certaine : pas dans un seau d’eau, comme à l’époque de nos parents.
L’idéal est de les mettre dans un grand sac imperméable (qu’on peut acheter en même temps que son lot de couches) et qui respire. S’il y a eu « une grosse job » et qu’un rinçage a été nécessaire, faites-vous un petit set up pour les accrocher et lavez-les dans les 24 heures.
L’échelle des possibilités
Trois types de façon d’intégrer les couches lavables dans votre vie selon votre envie et votre quotidien! (je me situe au milieu!)

Après 2 ans et demi de couches lavables, je peux dire que je suis super satisfaite de mon aventure et recommande à tout le monde de se lancer là dedans, à son rythme. Les gains dépassent absolument les inconvénients (qui se résument à devoir rincer quelques couches de cacas et pour vrai on s’habitue) et rien n’est plus relaxant que d’assembler des couches blanches de propreté qui récoltaient du caca pas plus tard que la veille. Réaliser un éco-geste sur une si longue période, c’est bénéfique autant pour la planète que pour nous!
Notes de bas de page
1 BOURQUIN, Chloé. « Lavables ou jetables : quelles sont les couches les plus écologiques », La Presse, 9 août 2024. [www.lapresse.ca].
2 GRAME. Subvention pour les couches lavables, [En ligne], 2025. [grame.org/couches-lavables-subvention/].
3 Ibid. [www.lapresse.ca].
4 RISLER, Clémence et Martin RIOUX. « Lavables ou jetables, quelles couches choisir? », Protégez-vous, [En ligne], 17 septembre 2018. [www.protegez-vous.ca/loisirs-et-famille/couche-lavable-couche-jetable].
Autres sources
NAÎTRE ET GRANDIR. Couches lavables : les questions les plus fréquentes, [En ligne], août 2019. [naitreetgrandir.com/fr/etape/0_12_mois/viefamille/couches-lavables-questions/].
LABRECQUE, Annie. « Couche lavable ou jetable : laquelle est la plus écologique? », Québec Science, [En ligne], 23 février 2023. [www.quebecscience.qc.ca/environnement/couches/].
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