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  • FamilleArticle02 mai 2025

    L’écolucidité, un super pouvoir familial contre l’écoanxiété

    Avec la psychoéducatrice Valérie Barisselle, on découvre comment l’écolucidité peut déjouer les craintes liées à l’écoanxiété.

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    Écolucidité : la sensibilisation positive

    Avant de lancer des rayons lasers avec les yeux, ça prend de la pratique. C'est pareil pour nous, mais sans les rayons lasers… évidemment. Tentons de dompter l'écoanxiété le plus simplement possible.

    Comment développer ce super pouvoir

    1 - Déterminer où on en est 

    Notre première mission : comprendre ce qu'est l'écoanxiété et évaluer où nous nous situons en tant que parent face à cette problématique. Si vous êtes préoccupés et souffrez d'une fatigue extrême devant l'ampleur des défis environnementaux, c’est vraiment possible, un peu comme le reste du 67 % des citoyens québécois1. Heureusement, l'écolucité peut venir à la rescousse. 

    Écoanxiété : forme d'anxiété liée à un sentiment d'impuissance face aux problématiques environnementales contemporaines (dérèglement climatique, destruction des écosystèmes, multiplication des catastrophes naturelles, etc.)

    Officiellement dans le dictionnaire Larousse depuis 2022, l'écoanxiété est un mot assez récent, qui prend déjà beaucoup de place dans nos vies et serait sûrement très payant au Scrabble !

    Écoanxiété et écolucidité, quelle est la différence?

    Attention, l'écoanxiété n'est pas une fatalité. Et c'est là qu'arrive l'écolucidité, ce mot encore absent du dictionnaire, mais ô combien encourageant, qui se veut une prise de conscience des enjeux écologiques sans être alarmiste, qui est accompagnée d'une capacité d'agir et d'un pouvoir d'action. 

    En résumé, disons que l'écoanxiété ne monterait probablement pas sur un ring de boxe pour affronter les enjeux environnementaux, croyant que tout est perdu d'avance. Tandis que l'écolucidité, elle, en pleine connaissance de ses adversaires, montera sur le ring, persuadée que chaque petit coup donné à chaque enjeu accessible contribuera à les affaiblir à long terme.

     

    Détecter les signes d’écoanxiété dans la famille

    Notre enfant s’inquiète de ce qu’il adviendra des ours polaires à cause de la fonte des glaciers, il nous pose des questions sur les feux en Californie et demande ce que nous allons faire quand il n’y aura plus d’eau dans nos robinets… C’est normal d’être préoccupé par les catastrophes écologiques, mais rappelons-nous que tous les sentiments négatifs (inquiétude, tristesse, colère, peur) liés à l’environnement et au futur ne sont pas nécessairement synonymes d’écoanxiété.

    Tant que nos enfants mangent bien, ont un bon sommeil et poursuivent leurs activités au quotidien, en tant que parents, nous devons continuer d’entendre et de comprendre leurs questionnements environnementaux, d’y répondre le plus honnêtement possible, sans être alarmiste, en gardant un ton rassurant et un vocabulaire approprié à leur âge. 

    Par exemple, quand notre enfant nous demande si le réchauffement climatique va détruire la Terre, nous pouvons lui expliquer que c’est un problème sérieux, mais qu’il y a beaucoup de personnes qui travaillent fort pour aider la planète. Et quand notre enfant croit qu’il est trop tard pour sauver la Terre, nous pouvons lui dire que nous avons des défis à relever, mais qu’il n'est pas trop tard. Chaque jour, des idées nouvelles et des actions positives sont mises en place pour réduire notre impact sur l’environnement.

    Lui faire réaliser les petits gestes qu’il fait déjà à la maison et à l’école pour l’environnement (recyclage, transport actif et lunch avec moins d’emballage) peut enlever une énorme pression sur ses épaules. Alors, gardons le focus sur les bonnes actions. 

    L’importance de l’éducation écologique dès le plus jeune âge

    Parce que nos jeunes sont de plus en plus exposés aux enjeux écologiques, que ce soit par la télévision, le web, les réseaux sociaux, les projets scolaires, les amis ou nous, les parents, il est primordial de les outiller dès l’enfance. Plus tôt notre enfant prend conscience des enjeux par rapport à notre planète, plus vite il est susceptible de développer des comportements respectueux de la planète, de créer des habitudes durables et ainsi, d’apprivoiser son super pouvoir.

    2. Passer en mode solutions

    Chaque action compte pour se sentir mieux, aussi petite soit-elle. Valérie Barisselle nous rappelle aussi que « l’imperfection, c’est normal ». Alors, fixons-nous des objectifs collés à notre réalité familiale. 

    Pour ouvrir la discussion sur l’environnement et ses enjeux avec notre enfant, il est important de l’amener à se connecter avec la nature. Par exemple, nous pouvons lire ensemble des livres sur le sujet, faire des jeux extérieurs ou une promenade dans un parc ou une forêt. Plus notre enfant sera en contact avec la nature, plus il apprendra à l’apprécier et à en prendre soin.

    La sensibilisation positive, ça passe aussi par le consommer mieux. Avant de faire un achat, nous pouvons, avec nos jeunes, nous poser les bonnes questions : en avons-nous vraiment besoin? Pouvons-nous trouver l’équivalent d’occasion ou de seconde main? Avons-nous trié nos affaires avant d’acheter une troisième cape de Superman? Bref, intégrer avec nos enfants des notions d’achat durable nous aide à limiter notre impact au quotidien. 

    Quand nous montrons à nos enfants à donner leurs jouets et leurs vêtements dont ils ne se servent plus, ils contribuent à réduire leur empreinte carbone et font le bonheur d’autres enfants qui, eux aussi, participent à l’effort en achetant de seconde main… et ainsi de suite.

     

    Passer à l’action : des idées concrètes pour les parents

    Tous les petits éco-gestes que notre famille peut poser sont un pas vers une planète en santé.

    Idées en vrac :

    • Faire un calendrier familial des tâches : inscrire qui sort le recyclage le jeudi matin, quel jour nous faisons des fajitas pour le souper avec le restant de poulet ou les heures d’ouverture de notre écocentre.
    • Bricoler à partir de matières recyclées : leurs œuvres peuvent même servir de cadeau, et leurs dessins, d’emballage cadeau au lieu d’en acheter. Même les moins jeunes peuvent créer leur emballage personnalisé avec des images de revues ou des circulaires.
    • Créer de l’ambiance en triant les déchets : pour être efficace quand vient le temps de recycler, nous pouvons entonner gaiement la chanson “Mets du respect dans ton bac” du groupe Alaclair Ensemble : « Métal, verre plastique, carton, papier, that’s it! »
    • Ne jamais oublier une lumière : côté économie d’électricité, il n’y a rien comme prendre l’habitude d’éteindre les lumières derrière nous.
    • Défi douche plus courte : c’est toujours une bonne idée de ne pas étirer le temps inutilement dans la douche, quand on est propre, on ferme l’eau. 

    Si chaque membre de la famille a sa gourde, la personnalise et la traîne partout où il va dans un sac réutilisable, ça fait beaucoup de plastique en moins dans l’océan.

    Ce qui peut être agréable à faire en famille, c’est de cuisiner des repas « vide-frigo » pour éviter le gaspillage alimentaire. Ça fait travailler notre imagination et nous permet de goûter… des mets inédits. Le jardinage, c'est aussi une activité familiale et pas besoin d'un grand jardin. Quelques pots, de la terre et voilà. 

    Avec nos enfants, prenons le temps de nommer les éco-gestes que notre famille fait déjà ou ceux que nous aimerions mettre en place. Choisissons ceux qui nous conviennent et répondent le mieux aux valeurs de notre famille. Et n'oublions pas que nos enfants nous imitent, alors donnons l’exemple.

    3. Multiplier le renforcement positif

    Maintenant que nous sommes en mode action, il faut souligner tous ces petits gestes de manière positive. Dites-vous que chaque « Hey, tu as éteint la lumière? Bravo ! » est un pas vers un monde plus lumineux (sans blague). Bon d’accord, votre ado vous trouvera peut-être un peu étrange après ce genre d’encouragement. Comme vous l’avez lu plus tôt, il faut adapter son discours à l’âge de notre jeune. Donc : « Yo, t’as éteint la lumière ! » Non, c’est une blague, ne faites pas ça. Mais vous pouvez opter pour un gentil : « Merci d’avoir pris ton vélo pour aller chez ton ami. » ou un absurde : « Merci d’avoir baissé le chauffage, grâce à toi, la banquise va fondre un peu moins vite. » L’humour et l’autodérision rendent l’exercice plus amusant pour nous aussi. Le renforcement positif permet de diminuer le stress et la pression sur notre enfant en transformant le sentiment d’impuissance en fierté.

    Ressources et outils pour vous accompagner 

    Pour terminer, voici quelques suggestions de livres, d’applis et de sites que nous propose Valérie pour entretenir notre écolucidité :

    Livres 2 à 8 ans :
    Livres 9 à 12 ans :
    Livres pour adultes :
    Applis :
    • Astuces écolo : pour calculer votre empreinte carbone et découvrir des astuces durables et économiques.
    • Too Good To Go : pour sauver de la nourriture du gaspillage alimentaire sans se ruiner.
    Sites :
    Si l’enfant ou l’adolescent présente des symptômes anxieux, dépressifs ou autres émotions difficiles à gérer qui impactent leur quotidien (difficultés de sommeil, pensées envahissantes, inquiétudes constantes, changement dans les comportements, perte de motivation, rigidité, évitement d’activités sociales, etc.), il est conseillé de consulter un professionnel de la santé mentale (médecin de famille, psychoéducateur, psychologue, psychothérapeute, etc.).

    1 Baromètre de l’action climatique 2024

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