Prendre un bain de… forêt?
Pour Marie-Hélène Dubeau, entrepreneure et fondatrice des Décarbonés, la nature est un antidote précieux pour se recentrer sur ce qui est vraiment important. Prendre une bonne bouffée d’air frais apaise toujours le bourdonnement de sa vie fort occupée. Elle retourne dans le bois dès qu’elle en a l’occasion ou dès qu’elle en ressent le besoin. Sans le savoir, Marie-Hélène a pris une habitude qui porte un nom : le shinrin-yoku ou « bain de forêt ».

Mais qu’est-ce que c’est, un bain de forêt?
Vous aussi, vous avez peut-être déjà fait un bain de forêt sans le savoir... Ce concept est fort simple : passer un moment dans la forêt, sans compter les pas, les kilomètres ou les battements de cœur. C’est dans les années 1980 que le terme fait son apparition au Japon. Aujourd’hui, le gouvernement japonais s’y intéresse de près et investit dans la recherche sur le sujet. Il espère ainsi offrir un remède écologique à l’épuisement professionnel lié au boom technologique. Un sujet encore pas mal d’actualité.
Faire un tour en forêt aurait-il l’effet d’une baguette magique? Il faut l’essayer pour le croire… ou lire ce qu’en dit la science. Les bienfaits d’être en nature sont nombreux et ont été démontrés un peu partout à travers le monde. Le rythme cardiaque ralentit, la pression artérielle baisse, le système immunitaire est fortifié, l’hormone du stress diminue. Autrement dit, le contact avec l’environnement peut réellement apaiser la fatigue mentale de la vie moderne.

Trouver sa recette du bonheur
Toutefois, nul besoin d’avoir voyagé au Japon ou de connaître l’existence du bain de forêt pour en goûter les effets. Marie-Hélène s’adonne à cette pratique depuis qu’elle est toute jeune, elle qui a passé son enfance à jouer dehors sur les berges de la Kamouraska. Adulte, elle a instinctivement cherché à renouer avec la nature lorsqu’elle ressentait le besoin de ralentir. Aujourd’hui installée en Montérégie, elle s’évade en forêt tous les week-ends, parfois même en semaine lorsque ça ne peut attendre. Systématiquement, elle retrouve ses yeux et son cœur d’enfant.
Loin des écrans et des urgences du bureau, elle vit pleinement le moment présent. « Quand je m’en vais dans le bois, on dirait que, tout d’un coup, je me mets à l’écoute de beaucoup de choses. » En dehors du quotidien surchargé, elle se surprend à écouter les oiseaux, à les observer, à tenter de les identifier. En avançant sans objectif précis, elle remarque les êtres vivants de toutes tailles et de toutes sortes. C’est dans cet abandon complet que les solutions se présentent à elle, sans qu’elle les cherche. Comme quoi, la vie – ou la forêt – fait bien les choses.

Un jeu sans règles, sauf celle d’être bien
La beauté du bain de forêt, c’est qu’il ne s’accompagne pas d’un livret d’instructions. Le bain de Marie-Hélène est celui qui lui fait du bien. Elle préfère le vivre en solo, mais vous pourriez plutôt avoir envie de vivre l’expérience avec quelqu’un qui a les mêmes envies que vous. L’important, c’est de vous offrir un moment en nature, sans autre objectif que d’en profiter pleinement. Vous pourriez choisir de marcher, de faire du ski de randonnée, de la raquette ou d’observer les oiseaux. Faites un bain de forêt comme ça vous dit, en prenant votre temps.
Au fil du temps, vous remarquerez sans doute que vous portez davantage attention aux détails autour de vous. C’est la beauté de ces moments car ils renforcent la connexion entre l’humain et la nature.

« Oh, ce n’est que ça, le bain de forêt? »
L’idée n’est ni nouvelle ni révolutionnaire. Elle traverse les époques et les cultures depuis toujours, comme le rappelle Melissa Mollen Dupuis, autrice, réalisatrice, animatrice de radio et militante pour les droits autochtones. « Le rapport à la forêt qui existait déjà et qui était déjà connu des communautés autochtones depuis des millénaires a juste refait surface », explique-t-elle dans le cadre de l’émission La semaine verte. Elle s’enchante de l’engouement que connaît cette pratique aujourd’hui.
Celle qui signe le livre jeunesse Nutshimit : un bain de forêt contribue à la mise en valeur de ce besoin fondamental et universel. Elle en partage même une compréhension beaucoup plus large. « S’il y a un arbre, tu peux faire un bain de forêt », affirme-t-elle, que l’on soit à Montréal ou à New York.
Ne vous laissez donc pas impressionner par le mot forêt. Là où il y a un brin de nature, il y a de quoi trouver son bain et vivre un moment qui fait du bien. Pour Marie-Hélène, ce sont les montagnes estriennes, les îles de Boucherville et le mont St-Hilaire qui comblent aujourd’hui son besoin d’air frais. Ces terrains de jeu prennent le relais des berges de son enfance. Pour vous, ce pourrait être la sortie au parc à chien, le pique-nique au parc urbain près de chez vous, la promenade avec les enfants au bord du fleuve, la cueillette de fleurs sauvages au champ. Quand vous trouvez un moment libre à l’agenda, embarquez avec des amis en direction d’un parc national. Quelle que soit la destination ou la saison, faites-vous plaisir. Renouez avec l’enfant en vous qui meurt d’envie de sauter à pieds joints dans une flaque d’eau.

Des idées pour un bain de forêt au Québec
La nature est partout, les bains de forêt aussi. Certains outils numériques tels que Balise Québec ou AllTrails peuvent d’ailleurs vous aider à trouver une destination près de la maison. En guise d’inspiration, voici quelques endroits à explorer.
- Les sites gérés par la SÉPAQcomme le parc national de la Jacques-Cartier, un lieu idyllique où les sommets offrent une vue imprenable sur la vallée. Vous trouverez des parcs nationaux un peu partout à travers la province, dont ceux d’Oka, du Fjord-du-Saguenay, du Lac-Témiscouata, du Mont-Orford ou des Îles-de-Boucherville, pour ne nommer que ceux-ci.
- Les parcs nationaux fédéraux, dont celui de Forillon, en Gaspésie, et sa fameuse pointe du « bout du monde » d’où on peut observer le large. Ceux de la Mauricie ou de l’Archipel-de-Mingan sont aussi de beaux endroits où ralentir le rythme.
- Les parcs régionaux comme celui du Poisson blanc, dans les Hautes-Laurentides. Vous aurez probablement envie d’étirer votre balade sur quelques jours pour profiter du décor en microrefuge ou en camping au bord de l’eau. Les parcs des Sept-Chutes ou de la Rivière-des-Mille-Îles sont d’autres exemples de lieux à explorer.
- Les parcs ou espaces publics urbains sont nombreux, attrayants pour leur accessibilité. Pensons au parc du Mont-Royal au cœur de la ville de Montréal ou au parc linéaire de la Rivière-Saint-Charles qui traverse plusieurs quartiers de Québec. Du côté de l’Estrie, le parc écoforestier de Johnville offre une proximité privilégiée avec une grande biodiversité à 15 km seulement de Sherbrooke.
Partager cette page
Le lien a été copié dans le presse-papiers